(photo famille Lichtfouse)
Les établissements Millier ont été crée à Lyon par son beau père Monsieur Paul Millier, ingénieur des Arts et Métiers en 1923. Au départ la société fabriquait des pompes à eaux.
En 1925, Paul Millier embauche un dessinateur Monsieur Gauthier qui a travaillé dans le pesage. Saisissant l’opportunité, il lance sur le marché une balance automatique de 5 à 15 kg qui obtient un bon succès commercial. De ce fait il abandonne les pompes à eaux et décide de se consacrer au pesage.
En 1930, la société Millier s’installe rue louis Cézard à Lyon8 ème dans des locaux qu’elle occupera jusqu’à son déménagement à Saint Priest en 1989.
En 1936, la société Duchesne à Lyon qui était alors un des principaux fabricants français se trouve en difficulté ce qui permet à la société Millier de reprendre la concession ainsi qu’une partie du matériel et des outillages. Cette nouvelle opportunité va donner un coup d’accélérateur au développement de Millier
La photo ci dessus montre une partie des ateliers de Millier dans les années 50. Les masses étalon de 5 tonnes situées sur la charpente et rachetées par Millier à Duchesne en 1936 sont encore opérationnelles aujourd’hui dans les ateliers d’ AMK à Saint Priest
Pendant la guerre 39/45, la société réquisitionnée est obligée de fabriquer des obus, le pesage est hélas passé au second plan.
A partir de 1950, la société va repartir et s’illustrer avec ses ponts bascules au système de Réglage Micrométrique des Angles ( RMA) et ses bennes à double sens de rotation pour peser la vendange.
Paul Millier (le fondateur) à la cave coopérative de Montbrun devant une benne à vendange
On peut dire que de 1960 à 1980, les grands faiseurs en pont- bascules seront Trayvou, Voiron et Millier.
Paul Millier a eu deux enfants : Jean dit « Coco » et Marie Suzanne dit « Cocotte ».
C’est ici que rentre en scène Pierre Lichfouse .
Pendant l’occupation allemande, la famille Millier, comme d’autres famille françaises, accueille pendant les vacances Pierre Lichfouse , un jeune Lorrain refugié à Lyon qui fait des études au même lycée que Jean Millier.
En 1958, Paul Millier, le fondateur, avec qui il est resté en relation, lui demande de le rejoindre dans la société comme adjoint. Il va épouser sa fille Marie Suzanne quelque temps plus tard.
En 1965 au décès de son beau père il reprend la direction de l’affaire.
Pierre Lichfouse « gars d’zarts » a aussi une spécialité d’ingénieur des pétroles qui l’a amené à la sortie de l’école, dans les années 50, en mission en Afrique et aux États-Unis.
C’est au Gabon qu’il fait connaissance du docteur Albert Schweitzer au cours d’une partie de chasse malencontreuse. Ce compatriote, futur prix Nobel, soignait alors les lépreux dans son hôpital de Lambaréné .
D’après Pierre, qui me l’a rapporté, il se serait fait traiter de « noms d’oiseaux » par le célèbre docteur pour avoir tiré sur des flamants roses.
C’est aussi au Gabon qu’il apprendra à piloter et c’est ainsi qu’il deviendra bien avant Bernard Tapie le premier Patron d’une société de pesage à piloter son avion personnel. Ceci lui donnait un avantage concurrentiel important dans la France des années soixante sans autoroute ni TGV.
A l’actif de Pierre Lichfouse ,on peut citer l’introduction du pont-bascule transportable sur le marché français et la création de doseuses pour le remplissage de bouteilles de gaz qui feront le bonheur des ensembliers comme PAM et Siraga.
J’ai fait sa connaissance au printemps 1987. Je l’avais contacté car je cherchais un partenaire pour le projet ARPEGE que je poursuivais depuis quelques mois avec mon ami Yves Mallus
Il me donne rendez vous au restaurant de l’aéroport de Bron. Il est accompagné de son staff rapproché : Jean Paul Peclet Directeur Commercial et Jean Beney son DAF. Je suis étonné par le coté un peu « vieille France » de l’équipe et en même temps sous le charme de cet homme d’une grande simplicité qui décide très rapidement de nous aider en rentant dans notre capital et en nous apportant son soutien logistique et commercial.
C’est au cours de ces années, de 1987 à 1989, que je vais partager son amitié et découvrir sa personnalité. Il applique un management que je trouve un peu déconcertant : ne jamais afficher sa richesse et économiser sur tout. Avec lui, pas de réunion, pas de discours, pas de note de service, tout est dans l’informel. Les grandes décisions se prennent au cours d’un bon repas.
Il est plutôt craint et respecté par ses collaborateurs qui l’appellent Monsieur Pierre.
Après avoir côtoyé Jean Escharavil et l’équipe Tapie, je partage l’expérience d’un patron qui vient au travail dans une « ami 6 Citroën » d’un autre âge, qui peut porter un chandail parfois déchiré par son petit chien et qui vit dans un bureau au mobilier complètement désuet.
Malgré les apparences, c’est un homme très cultivé, qui est capable de délicates attentions et qui est d’une compagnie agréable.
De 1990 à 1997, après le rachat de Pesage Promotion, opération à laquelle il n’a pas souhaité être associé, nos relations seront plus distantes.
J’aurais l’occasion de le côtoyer à nouveau à partir de la reprise de la société Millier par Arpège Master K en 1998. Il avait confié à ses enfants, Pierre André et Jean Stephane, la direction de la société. Malheureusement trop centrés sur le marché des ponts-bascules, ils n’ont pas pu résister à la guerre des prix menée par Precia et Testut à cette époque. En reprenant Millier, nous convenons de garder les bâtiments de Saint Priest dont il était resté propriétaire .C’est ainsi qu’il conservera longtemps un bureau parmi nous. Nous échangeons de temps en temps quand je suis de passage à Saint Priest. Fidèle à lui-même, sans regret, il porte sur les gens et les choses le regard lucide d’un homme, parti de rien, qui a connu le « temps béni des colonies » puis la réussite et la fortune aux heures glorieuses du pesage. Les époques et les mœurs ont changées, Pierre est toujours resté le même : modeste et simple.
En juin 2007, il nous a quittés après une mauvaise opération. Nous étions un carré de derniers fidèles à lui rendre hommage dans cette petite église de Bron.
Quelque temps après, un ami, un peu médium m’a rapporté qu’il avait perçu l‘âme de Pierre accompagnant un vol de flamants roses qui survolait cette terre d’Afrique qu’il avait tant aimé.
Bonjour, et merci infiniment pour ce bref morceau d’histoire de la famille… je suis le petit-fils de Jean Millier, et n’ai finalement que peu d’informations sur la vie et l’oeuvre de son père, Paul, dont je savais simplement que le pesage avait largement occupé une partie de son existence. Ce court récit m’a éclairé et donné envie de m’y intéresser un peu plus, merci 🙂
L’histoire est bien résumée.Elle reflète bien l’homme que j’ai connu,un homme sur-lequel on a pu « râler » parfois lorsqu’on a été l’un de ses colaborateurs,comme celà se produit dans un couple,mais qu’on a aimé et qui a marqué son passage.Le « Monsieur Pierre » prononcé par ses employés témoigne peut-être autant du respect qu’il inspirait que d’une crainte certaine.Mais c’était un homme juste.En tout cas,à son contact,j’ai appris plus que le pesage.J’ai appris la vie.
mon père était VRP chez mr paul millier dans les annees 60 et je me souvient bien des fils et gendre!
on ne peut que difficilement accepter la perte d hommes comme ça
Bonjour
Moi j’ai travaillé chez MILLIER dans les années 77-78 avec NENESSE-ROGER-Mrs BADOIL-BERTHOLLET -TONTON j’en garde de bons souvenirs même si on faisait 10 h par jour.
Je m’appelle Raphaël Bensoussan j’ai travaillé chez milliers de 1964 a 1973 comme soudeur à l’arc avec Monsieur Garabedian on faisait 12h15 par jour je remercie toujours Monsieur Pierre et Jean son gendre et je suis très content j’étais vraiment heureux dans cette maison que je n’oulierai jamais la gentillesse de Mr LITSCHFOUS qui était vraiment gentil jusqu’au bout